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Contre le retour d’une philosophie officielle, par Henri Pena-Ruiz
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Contre le retour d’une philosophie officielle, par Henri Pena-Ruiz
Contre le retour d’une philosophie officielle, par Henri Pena-Ruiz Marianne (©) 27/02/2001 L’enseignement philosophique ne consiste pas à imposer une philosophie, mais à faire philosopher les élèves. C’est-à-dire à leur permettre d’exercer leur jugement de façon autonome dans la réflexion critique sur les questions majeures de l’existence humaine. Les professeurs de philosophie sont attachés à ce qui fait l’originalité et l’enjeu décisif de leur discipline. Or ils assistent aujourd’hui à une grave mise en cause de ce qui fonde et justifie leur travail. Leur mobilisation contre le programme proposé par Alain Renaut et le groupe d’experts qu’il a constitué par cooptation a pris une ampleur considérable. On peut comprendre ce tollé si l’on rappelle certaines choses qui n’intéressent pas les seuls philosophes, mais aussi les citoyens attachés à une formation du jugement éclairé. Un peu d’histoire. Il y a trois ans, un nouveau programme avait été proposé par le Groupe Technique Disciplinaire de philosophie, dirigé par M. Dagognet, professeur d’université, et M. Lucien, Inspecteur général de philosophie. Soumis à une consultation des professeurs de philosophie, ce programme avait été massivement approuvé. Mais c’est l’avis négatif de Luc Ferry, président du Conseil National des Programmes, qui avait alors prévalu sur celui de l’ensemble de la communauté des professeurs. La réforme acceptée par les professeurs avait donc été abandonnée. Alain Renaut, professeur à Paris IV, et auteur d’ouvrages de philosophie politique, fut alors choisi pour constituer et diriger le nouveau groupe d’experts, dont le programme vient de faire l’objet d’un rejet sans appel par les professeurs consultés. Dans des proportions variant entre 60 et 90 % selon les Académies, ce rejet massif porte sur l’esprit autant que sur la lettre du nouveau texte. Il marque le souci d’affirmer ce qui fonde le rôle émancipateur de l’enseignement philosophique, à savoir son caractère critique et réflexif, gage de la citoyenneté éclairée si souvent invoquée comme sa finalité essentielle. Un tel rôle est inconciliable avec toute philosophie officielle imposant des orientations philosophiques voire idéologiques. La liberté reconnue aux professeurs de concevoir eux-mêmes leurs problématiques est en danger. Et ce danger va de pair avec le risque d’une transformation de l’épreuve du baccalauréat en une question de cours. Deux exemples suffiront à rendre manifeste ce danger qui pèse sur l’enseignement philosophique. Le programme contesté comporte la rubrique suivante : « la laïcité : éthique et croyance religieuse ». Un tel passage obligé est discutable, et sans véritable pertinence si ce n’est d’un certain point de vue idéologique. Il est pourtant privilégié par le fait que les sujets de dissertation du baccalauréat devront désormais s’ordonner explicitement à ce genre d ’» éclairage ». Bref, la liberté du professeur d’élucider autrement le concept de laïcité le condamne à se mettre en marge des sujets attendus. Elle est donc fictive. Autre exemple, étrange pour un programme qui se dit ouvert sur l’actualité : le seul type de rapport d’oppression mentionné est…l’esclavage antique ! Un professeur qui parlerait de la mondialisation capitaliste sortirait donc du programme… Le programme impose donc des « questions à ancrage contemporain » dont en fait la formulation s’ordonne clairement à des présupposés contestables, relevant d’une conception particulière. Toute la question est de savoir si les 6500 professeurs de philosophie des classes terminales devront se soumettre à la philosophie particulière d’Alain Renaut, ou s’ils garderont la liberté de choisir d’autres éclairages et d ‘autres références. D’autres exemples, comme celui qui concerne le problème de la technique, tout aussi verrouillé philosophiquement, pourraient être cités. Quant aux notions philosophiques, leur couplage systématique produit le même effet de prédétermination et d’enfermement, avec un risque évident de transformation de l’épreuve en question de cours, ce qui la dessaisirait de sa valeur philosophique. D’ores et déjà, il semble difficile que le Ministre de l’éducation nationale maintienne l’entrée en vigueur précipitée du programme contesté en septembre prochain. Le cabinet du ministre avait assuré qu’il n’était pas question d’imposer un programme si celui-ci se trouvait rejeté majoritairement. Il avait par ailleurs manifesté son souci que le groupe d’experts reflète davantage, par un véritable pluralisme de sa composition, le corps des enseignants de philosophie. Sur ces deux points, les professeurs attendent que la parole donnée soit tenue. La sagesse serait effectivement de différer d’un an la mise en application de tout nouveau programme, et de se donner ainsi le temps d’y travailler, avec un groupe d’experts refondu selon une exigence élémentaire de pluralisme véritable, et de prise en compte des avis exprimés par l’ensemble des professeurs. Jamais, sinon, le fossé n’aura été aussi grand entre le groupe d’experts et le corps des professeurs qui auront la charge de faire vivre le programme dans les classes. Les professeurs de philosophie ne comprendraient pas qu’une réforme qu’ils rejettent leur soit imposée malgré tout, alors qu’une réforme qu’ils approuvaient a été récusée. Ils vivraient comme une véritable violence le passage en force du texte contesté, ou la manœuvre qui consisterait à l’assortir d’amendements mineurs destinés à donner le change en en maintenant l’essentiel. Que vaudrait dès lors la volonté affichée de consulter et de respecter l’avis des enseignants, solidaire de l’intérêt bien compris des élèves ? Rappelant le souci de dialogue manifesté par l’actuel Ministre dès son entrée en fonction, les professeurs se sont adressés directement à lui, pour lui demander de prendre les mesures suivantes, qui auraient le mérite de relancer la réflexion sur des bases plus larges : « Un moratoire d’un an pour l’entrée en vigueur d’un nouveau programme ; la constitution du groupe d’experts selon un souci de véritable pluralisme ; l’abandon pur et simple des « questions à ancrage contemporain » qui verrouillent idéologiquement la réflexion ; la remise en chantier de la présentation des notions du programme avec le souci d’éviter une trop grande prédétermination ; l’abandon des considérations qui semblent faire de l’argumentation une fin en soi, indépendamment des problèmes qui importent concrètement à la pensée. » Ces demandes figurent dans le texte d’une pétition publique diffusée par le « Collectif pour l’enseignement philosophique », qui a d’ores et déjà recueilli près d’un millier de signatures. HENRI PENA-RUIZ. |
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